The Island, film d’anticipation, réalisé par Michael Bay, produit par Walter Parkes et Laurie MacDonald pour DreamWorks.

Le film, l’histoire

Avec ce film d'anticipation, Michael Bay ("Armageddon", "Pearl Harbor") fait fort, et se fait pardonner son "Bad Boys II" où j'y avais franchement détesté la légèreté avec laquelle était considérée la vie humaine.

”I'm going to The Island.” Jordan 2-Delta

Vivant dans un espace confiné, froid et utopique, sujet à des cauchemars qui déchirent ses nuits, Lincoln 6-Echo décide d'aller dans le seul endroit encore libre et paradisiaque du monde, "the Island". Malheureusement, il va découvrir que toute sa vie n'est que mensonges et dangers qui menacent également son amie, Jordan 2-Delta, elle aussi à la recherche de ses rêves... Complètement naïfs, ils vont découvrir le monde extérieur inhospitalier et l'amour, et devoir s’enfuir afin de sauver leurs vies.

“The life you thought you had... it never happened.” McCord

L'histoire de "The Island" se déroule dans un futur proche et commence avec des airs de "THX1138" et de "Truman Show", avant de dérouler des séquences pleines de douceur, ou humoristiques, et une incroyable série de scènes d'action absolument folles qui dépassent le niveau de Matrix Reloaded et I Robot. La bande son est dévastatrice et la musique est efficace.

Les thèmes développés dans le film sont étonnamment assez complexes et profonds, peu éloignés de ceux développés par Frank Herbert dans son roman "La ruche d'Helstrom" ou par Carolyn J. Cherryh avec "Cyteen", ce qui permet au spectateur d'utiliser ses neurones, chose appréciable. Un grand merci aux scénaristes Caspian Tredwell-Owen, Alex Kurtzman et Roberto Orci. En effet, sous l’aspect du thriller, le clonage humain est abordé sans ambages, et nous en découvrons les méfaits, non par les yeux d'un scientifique, mais du point de vue des clones eux-mêmes, ce qui rapproche le public du drame intérieur vécu par les deux personnages principaux.

“You know when you close your eyes and wish for something really hard? God is the guy that ignores you.” McCord

Les personnages

“That tongue thing is amazing!” Lincoln 6-Echo

Ewan McGregor est épatant dans un double rôle à voir impérativement en V.O, comme tous ses rôles précédents dans “Moulin Rouge“ et Star Wars. Scarlett Johansson, vue précédemment dans "L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux", "La Jeune fille à la perle" et “Lost in translation“, est d’une beauté à tomber à renverse, bien qu’elle ait souffert de son manque de condition physique sur le tournage et dut se faire poser des attelles aux tibias après les nombreuses scènes de courses-poursuites qui la faisait souffrir terriblement d’un genou. Sean Bean ( "Jeux de Guerre", Le Seigneur des Anneaux ) est un méchant tout en finesse comme on les adore. S’étant visiblement investis tant moralement que physiquement dans la déferlante d’action de ce film, les trois acteurs principaux sont accompagnés par quelques seconds rôles qui ne sont pas oubliés, tels Steve Buscemi qui a visiblement pu donner libre court à son talent d’improvisateur, et Michael Clarke Duncan, éclatant dans “La Ligne verte“, qui vit ici de vraies souffrances et subit une torture absolument terrifiante. Tout deux ont été précédemment vus dans "Armageddon". Et enfin, Djimon Hounsou (“In America“, “Gladiator“) qui donne à son personnage d’agent secret une profondeur majestueuse, aux vastes racines historiques. On a également le plaisir de voir, sans maquillage, un certain Ethan "Neelix" Phillips dans un beau rôle de candide.

Conclusion

Même si le scénario donne des indices un peu trop prématurément sur le coeur de l'histoire, et si quelques tics de mise en scène, genre clippeur fou, peuvent irriter, la maîtrise dont fait preuve Michael Bay, que ce soit dans sa direction d'acteurs, pour les scènes intimistes, d'actions ou contemplatives, laisse espérer qu'il ait enfin trouvé son style.

L'histoire est cohérente, aucunes scènes redondantes ou niaises n'en freinent le déroulement effréné tout au long des 2h12, et la fin du film est de toute beauté.

Le public dans la salle a adoré et réagissait au quart de tour. Efficacité totale.

Bref, une vraie réussite.

“Jeez, why do I always have to be the one to tell the kids there is no Santa Claus?” McCord

Yabaar, le 4 août 2005.