Le Seigneur des Anneaux

Une explication du Seigneur des Anneaux - Le livre - Le film

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Un Anneau pour les gouverner tous
Un Anneau pour les trouver
Un Anneau pour les amener tous
Et dans les ténèbres les lier
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L'Anneau Unique représente le Pouvoir Absolu qui corrompt même les plus vertueux.

Par l'Anneau Unique, Machine ultime, Sauron, personnage mauvais sans présence physique réelle, ancien Maiar - serviteur du Valar Melkor, l'un des anciens demi-dieux de la Terre du Milieu, appelé Morgoth par les Elfes parce que déchu de son nom par Illuvatar - a cherché à asservir tous les autres anneaux forgés et en possession des Elfes, Nains et Hommes, anneaux représentant le pouvoir de chacun d'entre eux sur leurs peuples respectifs.

Les Nains - peuple créé par le Valar Aulë sans l’autorisation d’Illuvatar, connu aussi sous le nom d'Erü, créateur original de Eä ou Terre du Milieu, des Elfes et des Hommes -, un peuple condamné à dormir sous la roche, se sont enfoncés dans les profondeurs de la Terre pour échapper à Sauron. En effet, une fois que les Elfes et autres races peuplèrent la Terre du Milieu, les Nains auraient pu venir au grand jour. Au contraire, malgré la défaite de Sauron par les armées de Gil-Galad et Elendil, et la prise de l'Anneau Unique par Isildur, les Nains décidèrent de rester cachés à amasser des richesses, le mithril en particulier, en autarcie complète loin des Elfes et des Hommes.

Les Elfes, quand à eux, se sont cachés au coeur des forêts. Seuls les Hommes ont cédé à Sauron, et les Anciens Rois sont devenus les Servants de L'Anneau Unique, les Nazguls ; le plus puissant d'entre eux étant le Roi Sorcier d'Angmar, celui qui transperce l'épaule de Frodon dans le premier film et qui est détruit par Eowyn dans le troisième. La terre des hommes a été ainsi dévastée par les armées de Sauron. Seul le geste d'Isildur au début de l'histoire a permis de réduire la puissance de Sauron en le privant de son Anneau. Mais le Mal, dans son incarnation la plus absolue, ne peut pas être détruit - notre monde actuel n'en n'est pas exempt.

Il ne faut pas oublier que Tolkien a écrit ce roman au sortir de la première guerre mondiale, qu'il vécu dans sa chair et son âme, en y perdant bon nombre d'amis d'enfance, déchiquetés par la mitraille dévastant les tranchées gelées, boueuses, infernales. Vint ensuite la seconde guerre mondiale, un holocauste monstrueux, auquel succéda la guerre froide, et la toute puissance de la technologie, au détriment de tout le reste.

Saroumane, du haut de sa tour d'Orthanc, au milieu de la plaine d'Isengard, représente cette technologie brutale qui dévaste la terre qui l'entoure. Quand il comprend que l'Anneau a refait surface, probablement entre les mains d'un vulgaire paysan, il estime pouvoir s'en emparer afin de développer ses forges, ses machines, sans craindre de détruire la nature, les forêts millénaires, la terre nourricière source de toute vie. Il veut l'Anneau, car il en connaît sa puissance. Bien que le livre nous dépeigne un monde moyenâgeux, la puissance de l'Anneau est équivalente à celle qu'aurait une bombe atomique dans notre monde actuel. Mais en voulant toujours plus, Saroumane présume de ses pouvoirs, et fait l'erreur d'utiliser l'une des Palantir afin de connaître les desseins de l'Ennemi, tombant irrémédiablement sous le pouvoir de Sauron, corrupteur expérimenté. Quand les Ents contre-attaquent, c'est en quelque sorte la Nature cherchant à reprendre ses droits. Il suffit d'observer aujourd'hui les effets de la pollution et le réchauffement de la planète - Tolkien lançait ainsi un avertissement : oui à la technologie, non à ses méfaits. Tolkien était écologiste.

Gollum, quand à lui, être mauvais, faible d’esprit et de caractère, avant même sa rencontre avec l'Anneau, était le porteur idéal. S'appelant alors Sméagol, il succomba immédiatement au pouvoir de l’Anneau et commit un meurtre, chose inconnue chez les petites gens de la rivière, ancêtres des Hobbits. Mais même lui devait avoir son utilité - se rappeler la discussion entre Frodon et Gandalf dans la Moria, ce dernier lui disant de ne pas être trop prompt à donner la mort, car même Gollum pouvait avoir son importance. Un autre épisode, quand Aragorn demande à Théoden d'épargner Langue de Serpent, démontre que Tolkien était contre la peine de mort.

Au sujet de l'influence dévastatrice de l'Anneau, Machine renfermant tout le savoir de Sauron, l'être qui en a le plus souffert est bien Sméagol, en cela plus victime que criminel. Mais l'Anneau, s'il corrompt, le fait d'autant mieux quand sa cible est prédisposée à répondre à cette corruption, et à s'en servir. Même Gandalf, le plus grand des Istaris, connaît ses limites et refuse de prendre l'Anneau. Il sait trop que lorsque l'on possède un grand pouvoir, il faut peu de choses pour basculer. Il en est de même pour Galadriel, reine des Elfes, qui comprend que le temps est venu pour son peuple de quitter la Terre du Milieu, que se cacher en Lorien est devenu stérile, que les Elfes n'évoluent plus, et que la Terre du Milieu doit être donnée au Hommes, ces êtres faibles, mortels, et pourtant si surprenants, capables du meilleur comme du pire.

Les Hobbits... ce sont les paysans, le petit peuple, ceux qui sont attachés à la terre, et restent. Au travers de notre propre Histoire, on trouve dans les livres les puissants, les rois et reines, et autres chevaliers. Et pourtant le petit peuple a traversé ces tumultes tout au long des siècles, et assez souvent, l'un d'entre eux (Gandhi, par exemple...), pas un puissant, oh non, a parfois changé le cours de l'Histoire. En créant les Hobbits, Tolkien cherchait à rendre justice et hommage aux petits, c'est à dire à nous même, ceux qui n'ont pas le pouvoir en temps normal. En effet, un seul être peut changer le cours de l'Histoire, et peut-être n'est-ce pas Frodon le héros, mais plutôt Sam qui, au service totalement désintéressé de son maître, montre par son courage que l'on peut soulever des montagnes.

Tolkien décrit également l'âme humaine dans toute sa complexité grâce aux personnages de Denethor et Théoden. L'Intendant du Gondor perd son fils aimé, Boromir. Il repousse les marques d'affection de son second fils, Faramir, qu'il a toujours considéré comme un faible. Il présume de ses forces en utilisant une Palantir, afin de ne pas perdre sa charge au profit du vrai roi, Aragorn, fils d'Arathorn, héritier d'Isildur. Mais en utilisant la pierre de connaissance, il tombe sous la coupe de Sauron qui utilise les faiblesses de l'Intendant. Denethor s'enferme alors dans son désespoir, ne demande même pas l'aide de son voisin du Rohan, renonce à se battre et, prêt à sacrifier Faramir, il sombre dans la folie. L'attitude du Roi du Rohan, Théoden, est bien différente. Une fois libéré du pouvoir de Saroumane et de la perfidie de Langue de Serpent, Théoden découvre la perte de son fils Théodred au combat. Le désespoir qui le dévaste le fait, au contraire, se redresser. Théoden comprend que lui-seul peut encore donner du courage aux derniers Hommes. Il sauve son peuple au Gouffre de Helm, montrant ainsi à Aragorn ce qu'est la charge et la responsabilité d'un Roi. Et quand les feux d'alarme annoncent que le Gondor demande de l'aide, Théoden se met en marche, à la tête de milliers de cavaliers Rohirrims. Ainsi, il fait magnifiquement face à son destin qui le mènera aux cotés de ses Ancêtres. Ainsi, Denethor et Théoden, par leurs actes, montrent, tout à la fois, la faiblesse et la force des hommes.

D'un point de vue symbolique, Sauron et son Anneau sont la représentation allégorique du Mal Absolu. Evidemment, c'est assez réducteur, mais il ne s'agit de ma part que d'une ellipse afin de fournir une description simple au néophyte, bref celui qui n'a jamais lu les deux milles pages que représentent le Silmarillion et le Seigneur des Anneaux réunis ; sans parler des trois à quatre milles autres pages des Aventures de Tom Bombadil, les Contes et Légendes Inachevés englobant les 1er, 2nd et 3ème Ages et Faërie. On peut remarquer que Peter Jackson a procédé de même dans son adaptation en ne mentionnant pas Tom Bombadil, qui après tout ne se soucie guère - il a visiblement ses raisons - de se qui se passe en dehors de sa forêt, ou encore en attribuant les actes de Glorfindel à Arwen quand celle-ci sauve Frodon des assauts des Nazguls au Gué de Bruinen. De même, ce ne sont pas les fils d'Elrond qui rejoignent Aragorn, l'héritier d'Isildur, mais Elrond lui même, afin de lui donner l'épée reforgée d'Isildur et l'encourager à rappeler un certain serment au Roi des Morts, ce même à un moment différent de l'histoire par rapport au livre. Est-ce que P.Jackson a trahi le livre ? Non, il a simplement procédé par ellipses afin de rendre l'histoire la plus claire possible - exploit absolument brillant.

Enfin, le Seigneur des Anneaux est une gigantesque guerre. Le livre ne nous épargne pas certains détails sanglants, ignobles parfois. A l'évidence, Tolkien a écrit ce qu'il a vu, et souffert, pendant la première guerre mondiale. Mais aussi, que la guerre, malgré son ignominie, est parfois nécessaire afin de s'élever à force de courage et de désintéressement. En cela, la charge suicide des Rohirrims dans la plaine du Pelennor ainsi que le parcours de Sam montrent définitivement qu'il y a toujours un espoir.

Par sa puissance évocatrice, tous ses thèmes entremêlés, Le Seigneur des Anneaux est une geste épique montrant ce qu'il peut y avoir de pire comme de meilleur dans le coeur des hommes. Et malheureusement, notre monde actuel en est la parfaite représentation.

A tous ceux qui n'ont pas encore lu le livre, n'ayez pas peur devant ses 1200 pages. Lancez-vous... vous allez adorer.

Yabaar, le 6 juillet 2004.