Du Fantastique, de la Science-Fiction, de l'Anticipation, de l'Insolite, du Merveilleux et de l'Epouvante

Dans cet essai, je vais tenter de définir les termes couramment utilisés, correctement ou non, pour décrire les univers extraordinaires de la littérature et du cinéma.

  1. Le Fantastique
  2. De tradition souvent folklorique, il met en scène des créatures de légendes (King Kong, Dracula, La Momie, Legend, La Compagnie des Loups, Highlander, Entretien avec un vampire), des morts-vivants (La nuit des morts-vivants), des fantômes (l'Aventure de Mme Muir, Ghostbusters), des sorcières (Taltos, Les Sorcières d'Eastwick), le diable (Les Visiteurs du Soir, Dorian Gray, L'Exorciste, la Malédiction), les maisons hantées (Shining, Poltergeist), les miracles (Les dix commandements), etc...

    Définition :

    On peut parler de Fantastique lorsque, dans le monde du réel, on se trouve en présence de phénomènes incompatibles avec les lois dites "naturelles".

    Exemple :

    Lorsqu'une pomme se détachant de la branche du pommier, au lieu de tomber vers le sol, se met à s'élever vers le ciel, on peut dire que l'on se trouve devant un fait en contradiction avec ce que l'on sait de la loi de gravitation universelle.

  3. La Science-Fiction
  4. "Science et Fiction" ou "fiction scientifique", cela va de 20000 Lieues sous les Mers à Robur le Conquérant, du Voyage dans la Lune à L'Homme qui rétrécit, de Métropolis à Robocop, de Frankenstein à L'Homme Invisible, de La Machine à explorer le temps à La Guerre des Mondes, de La Planète des Singes à 2001 l'Odyssée de l'Espace, de La Main Gauche de la Nuit à Cyteen, de Fondation à Contact, de Blade Runner à Total Recall, de Dune à La Guerre Eternelle, d'Alien à Starship Troopers, de E.T. à Terminator, de Simulacron 3 à Matrix, de Dark City à Godzilla, de Judge Dredd à X-Men et de Star Trek à Star Wars (je reviendrai à ce dernier cas à la fin de l'essai).

    Définition :

    On peut parler de Science Fiction lorsque, dans le monde du réel, il y a intervention de l'homme dans le processus de phénomènes incompatibles avec les lois dites "naturelles".

    Exemple :

    Un chercheur a découvert un procédé qui inverse localement la gravitation, ce qui permet ainsi à une pomme qui se détache de son arbre, non pas de tomber, mais de s'élever dans les airs.

  5. L'Anticipation
  6. C'est 1984 et Rollerball, Le Meilleur des Mondes et Jack Barron et l'Eternité, L'Age de Cristal et Soleil Vert, Les Dépossédés et Tous à Zanzibar, Malevil et Mad Max, Farenheit 451 et THX 1138, Postman et Waterworld, Demolition Man et Gattaca, Rêve de Fer et Le Maître du Haut-Château (ces deux derniers romans sont des anticipations uchroniques).

    Définition :

    On peut parler d'Anticipation lorsque, dans le monde futur du réel, on se trouve en présence de phénomènes compatibles avec les lois dites "naturelles".

    Exemple :

    En l'An 3000, une pomme se détache de son arbre et tombe vers le sol.

  7. L'Insolite
  8. Que les thèmes développés soient basés sur des faits réels ou imaginaires, on peut ranger dans cette catégorie Freaks, Eraserhead, la Nuit du Chasseur, Elephant Man ou encore Orange Mécanique.

    Définition :

    On peut parler d'Insolite lorsque, dans le monde du réel, on se trouve en présence de phénomènes inhabituels mais compatibles avec les lois dites "naturelles".

    Exemple :

    Lorsqu'une pomme se détachant de sa branche, au lieu de tomber vers le sol, se met à s'élever vers le ciel, on peut dire que l'on se trouve devant un fait apparemment en contradiction avec ce que l'on sait de la loi de la gravitation universelle. Mais si, à l'examen, cette "pomme" s'avérait n'être qu'un petit ballon gonflé à l'hélium et ressemblant à ce fruit, il va de soit que le fait que celui-ci s'élève dans les airs serait alors tout à fait compatible avec la loi de gravitation universelle.

  9. Le Merveilleux (ou la Fantasy)
  10. Cette catégorie regroupe les contes de fées (La Belle et la Bête, Blanche Neige et les 7 Nains, Le Magicien d'Oz, Dark Crystal) et légendes (Excalibur, Le Seigneur des Anneaux), la fantaisie héroïque ou heroic fantasy (Conan le Barbare, Elric le Nécromancien), la mythologie (L'Iliade et l'Odyssée, Jason et les Argonautes), l'onirisme (Alice au Pays des Merveilles) ou encore l'univers des dessins animés de Tex Avery.

    Définition :

    On peut parler de Merveilleux lorsque, dans le monde de l'imaginaire, on se trouve en présence de phénomènes incompatibles avec les lois dites "naturelles".

    Exemple :

    Le jardin enchanté des Hespérides, planté de pommiers dont les branches sont chargées de pommes d'or qui procurent l'Immortalité.

  11. L'Epouvante
  12. De Psychose aux Oiseaux, de Carrie à Christine, de Freddie à Scream, de Scanners aux Dents de la mer.

    Définition :

    On peut parler d'Epouvante lorsque dans le monde du réel ou de l'imaginaire, on se trouve en présence de phénomènes qui tendent à susciter chez le lecteur ou le spectateur certaines réactions psychiques ou viscérales dans le registre de la peur.

    Exemple :

    Une pomme qui se détache de son arbre, arrive sur le sol couverte de sang.

Conclusion :

Il faut préciser qu'il est rare qu'un livre ou qu'un film ne relève exclusivement que du Fantastique, de la Science-Fiction, de l'Anticipation, de l'Insolite, du Merveilleux ou de l'Epouvante. La plupart participent le plus souvent de plusieurs de ces catégories, si bien qu'il est habituel de prendre en compte l'élément dominant pour qualifier l'oeuvre dans sa totalité.

L'exemple type est Star Wars. Ces films peuvent être classés comme films de Science-Fiction, puisque que l'on y voit des humains utiliser des vaisseaux spatiaux dépassant la vitesse de la lumière (phénomène incompatible avec la loi de notre cher Albert Einstein) ou des sabres lasers (phénomène lui aussi incompatible avec ce que l'on sait de la lumière cohérente de forte puissance).
Mais l'ajout d'élément comme la Force ou encore toute la galerie extraordinaire de personnages, élevant l'histoire à un niveau quasi mythologique, pourrait classer les films dans le domaine du Merveilleux.
Quant au cadre politique décrit dans la première trilogie et approfondi dans l'épisode 1 (comment une civilisation peut passer d'une démocratie à la pire des dictatures), celui-ci peut également mener à considérer ces films comme des oeuvres d'Anticipation.
Les éléments technologiques présentés étant tellement dominants dans tous ces films (l'archétype est Darth Vader, un cyborg qui ne possède plus qu'une infime parcelle d'humanité), et que ce soit à l'écran ou dans les moyens mis en oeuvre pour créer ces films, que je pense devoir classer Star Wars dans le domaine de la Science-Fiction...
... cependant, le phénomène Star Wars ayant pris une telle ampleur au niveau planétaire (il est admis que près de la moitié de la population terrienne a vu au moins l'un des ces films), un mythe moderne semble avoir été créé, devenant une geste héroïque, une légende, tout simplement une oeuvre Fantastique, voire Merveilleuse. Ainsi, il n'est pas toujours simple de classer une oeuvre.

Espérant vous avoir donné quelques clefs pour vous guider plus facilement dans les méandres illimités de l'imagination humaine...

Yabaar, le 15 mai 2002.