De bien des points de vue, la série Galactica de 1978 ressemble plus à une histoire biblique qu'à
un space-opéra. Entre batailles et combats spatiaux, apparaissent des personnages messianiques,
des dieux, et la recherche du salut, de la terre promise. Adama, tel Moïse, ou encore Noé après le
Déluge ayant détruit le monde, protège son espèce à bord d'une flotte de vaisseaux, et part à la
recherche de la Terre, origine de toute vie humaine dans l'univers. Le Déluge est évidemment
représenté par les Cylons qui anéantissent les colonies humaines et poussent l'humanité à s'enfuir
dans les étoiles. Dans la Bible, il est dit que les langues multiples empêchent l'Homme de
succomber au mal. Les 12 colonies ont permis de décentraliser le savoir, et même Adama ne sait
où se trouve la Source de la vie humaine, la Terre. Ainsi, si l'Homme ne sait où se trouve cette
Source, alors il en est de même pour les Cylons.
Les Cylons vivent sur une planète, nommée Gamoray, ou encore Gomorrhe, cette ville maudite
qui fut détruite par Dieu. Dans l'épisode «La légende vivante», le Commandant Kain déverse, tel
un dieu rancunier, sa vengeance sur le monde des Cylons. Alors que les Cylons, victimes de leur
perverse origine, avaient presque conquis l'univers, ils subissent un châtiment terrible lors de
cette attaque. Les humains ne sont pas loin de subir le même châtiment sur Carillon, quand ils
s'adonnent sans retenue aux jeux et plaisirs, au prix de leur vie entraînée dans les bas-fonds
infernaux de la planète.
Dans la Bible, les anges sont des créatures de pouvoir; dans Galactica, ce sont les Lumières
Célestes qui ont pouvoir de vie et de mort. Elles procèdent à la résurrection d'Apollo après son
combat contre Lucifer. Les personnages sont nommés à partir d'objets célestes, de la mythologie
grecque, ou de la Nature. Donner un nom venant de la Nature est une pratique commune dans la
religion des natifs nord-américains ou des peuples africains. Les noms des personnages utilisés
dans Galactica sont donc la représentation allégorique même de leurs caractère et destinée
respectifs.
Le traité de paix fatal entre les Coloniaux et les Cylons n'est guère différent du fruit défendu.
Comme Adam, l'homme baisse sa garde ainsi que son engagement dans l'univers, et perd donc
son innocence. A la fin de la saga, les humains du Galactica ont donc affronté le démon dans
l'espace, partagé savoir et expérience avec d'autres cultures, et sont presque devenus des dieux
quand ils se servent de ce savoir afin d'aider Terra, et les peuples sous la coupe de l'Alliance de
l'Est. Paradoxalement, les Cylons permettent ainsi à l'Homme d'intervenir et d'empêcher
l'annihilation d'un monde sous le feu thermonucléaire.
Evidemment, Baltar est l'antéchrist ultime qui adore se faire haïr. Planifiant la destruction de sa
propre race, il est manipulé par le Diable lui-même. Peut-être n'est-il lui aussi qu'une victime? Le
diable se présente sous les traits du Comte Iblis, Adama est Noé, et Apollo est la figure christique
qui meurt et ressuscite. Au travers de ces personnages, cette migration humaine, ce traité de paix
défendu, cette résurrection après la mort, ces héros gentils et ces infâmes méchants, ce combat
entre le bien et le mal, nous trouvons les grands thèmes de toutes les religions.
Yabaar, le 16 août 2004.